Spécialisées dans les produits financiers, les finetech sont de plus en plus en vue dans le marché africain. Une émergence favorisée par le manque d’innovation du secteur, couplé à l’adoption forte du mobile de la part des consommateurs africains, qui en font presque un assistant, que ce soit pour se renseigner ou faire des achats.
Ces startups viennent aujourd’hui concurrencer les acteurs traditionnels, essentiellement les banques et les assurances, en profitant des nouvelles habitudes du consommateur pour leur proposer des services qui leurs offrent à la fois mobilité et facilité dans la gestion de leur portefeuille. Ces sociétés apportent une véritable disruption sur les marchés financiers, utilisant le meilleur du digital pour bouleverser le monde de la finance classique alliant innovation, flexibité, et efficacité.
Cette uberisation du secteur financier commence à s’étendre à tous les continents. Pour preuve, le financement de ces start-up a été multiplié par 7 en trois ans, à environ 20 milliards de dollars. Mais quid de l’Afrique ?
Quels sont les enjeux pour les institutions financières au Senegal et en Côte d’ivoire. L’Afrique un marché plein d’opportunités
L’Afrique est le marché où le mobile a connu la plus forte progression ces dernières années. Avec un taux de pénétration estimé à 60 % de taux de pénétration, le mobile est le support le plus utilisé sur le continent. Conséquence de quoi, l’utilisation de l’Internet via ce support s’y développe à une vitesse phénoménale. L’internet mobile permet ainsi aux populations africaines de rester informé et connecté à moindre coût.
Cette mobilité et cette connectivité a favorisé l’émergence de service comme le paiement électronique, qui vient à point nommé dans un environnement caractérisé par le faible taux de bancarisation.
L’utilisation de portefeuilles digitaux présente en effet de nombreux avantages pour les personnes ne disposant pas de compte en banque. Ainsi, près 183 millions de personnes vivant en Afrique possèdent un porte-monnaie numérique, soit trois fois plus qu’aux États-Unis.
Si auparavant elles étaient l’apanage des startups, de nombreuses finetech voient désormais le jour grâce à l’accompagnement des grands groupes financiers qui, collaborent de plus en plus avec les incubateurs pour ne pas se faire dépasser comme ce fut le cas dans des secteurs comme l’hôtellerie (AirBnB) ou le transport (Uber).
Quelques exemples de finetech en Afrique
L’exemple le plus récent de finetech est celui de la Société Générale qui a acquis 8% du capital de TagPay, une plate-forme virtuelle de banque adaptée aussi bien aux portables de base qu’aux smartphones. Une solution qui s’adapte parfaitement au marché africain où le taux de pénétration du mobile est élevé, avec des marchés comme le Sénégal qui truste à près de 110% de taux de pénétration selon l’ARTP.
L’ambition du groupe est dans les cinq prochaines années de multiplier par deux le nombre de ses clients résidant dans les 7 pays africains, en tête desquels le Sénégal, où la banque va d’abord déployer la plate-forme.
Hébergée au sein de l’accélérateur Barclays, Wala, est quant à lui un service de banque digitale qui réunit une communauté de plus d’1 million d’utilisateurs et qui est actuellement disponible en Afrique du Sud et en Ouganda. Cette enseigne se définit comme la première plate-forme bancaire numérique pour les marchés émergents et offre toute une gamme de produits financiers.
Au Cameroun, WeCashUp, une plateforme de paiement sans carte bancaire, apportent les solutions à une population déjà habituée au paiement mobile et à l’achat en ligne.
Les finetech en Afrique commencent à s’installer et à profiter du potentiel de cette population dont le faible taux de bancarisation est la meilleure opportunité qui soit pour ces startups.
Quel avenir pour le monde de la finance Africaine face aux finetech ?
Dans le reste du monde surtout dans la partie anglophone, les finetechs bouleversent le secteur de la finance. Si la banque est un milieu qui a souvent été considéré comme étant en manque d’innovation, les finetech apportent un nouveau vent de fraîcheur dans ce secteur.
En Europe, l’Angleterre est considéré comme le pays le plus en avance dans ce domaine. En 2014 par exemple, le Royaume Uni comptait 60 % des fintechs d’Europe. Les exemples évoqués ci-dessus montrent à quel point le secteur de la finance fait face à une rupture. Et cela ne se limite pas qu’aux banques car, l’assurance est également menace par ces innovations. On parle de plus en plus d’assurtech, mais surtout de la blockchain qui rencontre de plus en plus de succès dans les pays occidentaux et qui ne devrait pas tarder à faire son apparition en Afrique.
Pour survivre, les compagnies qui évoluent dans le monde de la finance n’ont d’autres choix que de s’adapter et d’intégrer le digital dans leur démarche stratégique. Que ce soit des sites responsive, les applications mobiles, ou encore l’utilisation des réseaux sociaux pour être au plus près du client et améliorer le service qui lui est proposé, les institutions financières au Sénégal et en Cote d’ivoire ont la possibilité de profiter du potentiel du numérique pour atteindre cette grosse majorité de la population qui est encore exclue du système bancaire ou qui n’est pas assurée.
L’accélération apportée par le digital bouleverse tous les métiers. Un véritable challenge pour les entreprises qui doivent faire face à des disruptions majeures sur leur marché. Conscients de cette rupture qui s’opère les banques lancent des hackathons, collaborent avec les incubateurs ou prennent une participation dans des startups où sont développées des projets d’applications bancaires, l’objectif étant d’avoir une meilleure maîtrise de la relation client.
La puissance financière des acteurs traditionnels du secteur permettra sûrement de limiter l’impact des finetech, mais les bouleversements apportés par ces dernières et l’adéquation des services proposés avec le comportement des consommateurs africains devraient pousser les institutions bancaires à revoir leur copie. Il ne serait pas étonnant de voir de plus en plus de mariages entre acteurs traditionnels et finetech.