Déjà très répandu à travers le monde, le E-commerce ne se présente plus. En 2013, la CNUCED estimait sa valeur, d’entreprise à entreprise (BtoB), à plus de 15 000 milliards de dollars dans le monde, et celle d’entreprise au consommateur (BtoC) à 1 200 milliards de dollars. Ces résultats poussent certains experts de la question à croire qu’à l’horizon 2020, l’on ne fera plus de différence entre le commerce traditionnel et le e-commerce, et pour cause !
Pour le client, il ne s’agira plus que d’un choix basé sur les avantages des deux solutions ; un peu comme choisir entre aller voir un film au Cinéma ou le voir chez soi. Ceci montre à quel point le e-commerce prend de l’ampleur et gagne du terrain à travers le monde. Et le e-commerce est arrivé en Afrique, en dépit des mille et un obstacles que l’on prévoyait qu’il y rencontrerait. D’après le rapport 2015 sur l’économie de l’information réalisé par la CNUCED, les pays en développement joueraient un rôle plus important dans l’essor rapide du e-commerce, quoique celui-ci n’y soit pas pleinement exploité. Lorsque l’on sait à quel point cette pratique est capable de faciliter la vie des populations, en leur permettant notamment de gagner du temps dans leurs achats et de ne point dépenser inutilement leur énergie, l’on comprend la belle affaire que c’est de voir le e-commerce s’installer sur le continent. Cependant, peut-on, au vu de sa pratique dans nos pays et au Sénégal en particulier, parler d’une véritable existence du e-commerce en Afrique, ou n’est-ce là qu’une mauvaise copie, une fausse réalité ?
Afin de répondre à cette question, nous avons jugé nécessaire de faire le tour des 9 enjeux qui font du e-commerce une réalité loin d’être virtuelle.
Qu’est-ce que le e-commerce ?
Le e-commerce ou commerce électronique consiste à échanger des biens et services entre deux personnes sur les réseaux informatiques, c’est-à-dire grâce à Internet. Difficile cependant de réduire sa définition à une seule phrase, car l’évolution de ce concept semble sans limite. Pour preuve : alors que jadis, le e-commerce se faisait exclusivement via l’ordinateur, il est aujourd’hui possible – et c’est même la tendance –, d’effectuer ses achats via son mobile ou autre appareil connecté. Ce qu’il faut donc retenir est que le e-commerce est l’utilisation d’un média électronique pour la réalisation de transactions commerciales. En d’autres termes, c’est tout ce que fait le commerce traditionnel, dont, naturellement, le paiement qui clôt l’achat, mais en plus rapide et beaucoup plus facilement.
En Afrique, nous notons des enjeux intéressants qui poussent à croire en l’existence du e-commerce, mais aussi en son développement dans les années à venir.
1er enjeu : un secteur qui explose
De nombreux sites de e-commerce ont vu le jour en Afrique, se spécialisant dans la vente de divers produits et services. Tout ce qui a aujourd’hui une valeur marchande trouve une marketplace où cela est proposé. Qu’il s’agisse de services ou de produits, physiques ou numériques, les sites qui proposent de les mettre en vente sont nombreux. Nous pouvons citer Carmudi, pour la vente de voiture ; Lamudi, pour la location et la vente d’immobilier ; Hellofood, pour la vente de repas ; Jovago, pour la la réservation d’hôtels ; Kaymu, Jumia et, récemment, Cdiscount, pour l’achat et la vente de différents produits. Si le secteur du e-commerce explose, engeandrant de plus en plus de concurrence, c’est bien parce que que les acheteurs comme les vendeurs y voient leur intérêt.
2e enjeu : la création d’emplois
Le E-commerce a permis de créer de nombreux emplois de par le monde, et continue de le faire en Afrique, notamment dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). C’est d’ailleurs l’un des rares secteurs qui montre une véritable croissance sur le plan des offres d’emploi, ce qui démontre une fois de plus son importance dans nos pays d’Afrique, où la question du chômage reste d’actualité.
3e enjeu : la facilitation de l’achat
L’avènement du e-commerce a permis de faciliter d’une manière extraordinaire l’acte d’achat. Pouvoir faire ses courses depuis sa maison, n’importe quand, grâce à n’importe quel terminal connecté, sans avoir à se déplacer, est un vrai confort pour le consommateur. Le côté « pratique » de l’achat par Internet (gain de temps, achat à toute heure, possibilité de livraison) reste de loin la première motivation à l’achat en ligne. Et de plus en plus de personnes commencent à le comprendre en Afrique.
4e enjeu : le gain de temps
S’il est bien une chose qui ait véritablement de la valeur, ce n’est ni l’argent, ni le savoir, mais le temps. Le temps est la seule chose que l’on ne peut rattraper une fois perdu. Grâce au e-commerce, les consommateurs notent un important gain de temps. Ils n’ont plus besoin de se déplacer pour aller à la recherche de ce qu’ils désirent, et ensuite trimballer leur achat jusqu’à domicile. Il suffit aujourd’hui d’aller sur l’un des sites de e-commerce, de parcourir le catalogue, rechercher le produit désiré, passer la commande, effectuer le paiement en ligne ou payer à la livraison, et se faire livrer le produit en question : une véritable révolution.
5e enjeu : le potentiel de croissance
Le e-commerce a de longs jours devant lui, quoique les difficultés de sa mise en pratique en Afrique restent importantes. En effet, le problème du paiement reste l’un des premiers blocages à l’épanouissement du e-commerce en Afrique. La faible bancarisation en est une cause. Il faut de ce fait recourir à d’autres modes de paiement, qui retirent à la pratique du e-commerce l’un de ses plus grands atouts : le paiement en ligne. Mais cela n’empêche pas quelques succès dans ce domaine. Pour exemple, 6 mois après leur lancement, Konga et Jumia, des sites de vente en ligne similaires à Amazon, traitaient près de 1000 commandes à eux deux.
6e enjeu : l’avènement du mobile
L’avènement du mobile et sa prolifération en Afrique ont permis de rebooster le secteur du e-commerce. En Afrique, la grande majorité de connexion à Internet se fait via le mobile. Les sites e-commerce qui sont mobile-friendly gagnent ainsi une autre clientèle, plus jeune et plus connectée qui, chaque année, grandit. Si le e-commerce en Afrique a un avenir, cela passera inéluctablement par le mobile. Au Kenya, les règlements par téléphone mobile d’achats en ligne représentaient déjà 19% du montant total des transactions électroniques effectuées en 2012. Avec le nombre continuellement croissant de nouvelles solutions de paiement, il va sans dire que ce pourcentage a fortement augmenté en 2015.
7e enjeu : la prolifération de produits digitaux
Le grand nombre de produits digitaux est un autre des grands atouts du e-commerce. En effet, il est aujourd’hui possible d’acheter et vendre des produits tels que les mp3, films, livres numériques et autres directement en ligne, et parfois même en offline, et ce, sans que l’acheteur et le vendeur n’aient à se rencontrer. Et le nombre de ces produits digitaux ne cesse de croître. Il y a quelques années encore, le livre numérique (Ebook) n’était pas connu des africains. Aujourd’hui, certains sites de e-commerce le proposent aux consommateurs, quand d’autres en font leur cœur de métier.
8e enjeu : la consommation collaborative
La consommation collaborative est un modèle économique qui vient apporter un plus au e-commerce. Grâce à elle, les consommateurs mettent plus l’accent sur l’usage des biens, plutôt que sur la propriété ; ce qui favorise le partage, la location et la vente entre peer-to-peer (client-à-client). Cela a fait le succès des startups telles que AirBnB et Uber, pour ne citer que celles-là, et l’on voit déjà les prémices de telles pratiques en Afrique, ce qui est très encourageant.
9e enjeu : la sécurité du paiement
Certes, l’Afrique fait encore face à ce problème, car les consommateurs n’ont pas, pour la majorité d’entre eux, totalement confiance au paiement en ligne, et ceux qui le veulent ne le peuvent pas pour la simple et bonne raison qu’ils ne possèdent pas de comptes bancaires ; mais de grandes avancées sont en train de se faire dans ce domaine, afin de sécuriser davantage le paiement, mais aussi permettre aux consommateurs, qui, jadis, ne pouvaient se le permettre, d’effectuer des achats en ligne, par le biais notamment des cartes bancaires prépayées et du paiement mobile.
En définitive, force est de croire que le e-commerce s’est bien installé en Afrique, au Sénégal en particulier, et que, même si sa pratique diffère de celle des autres régions du monde, où il a été en premier, n’en demeure pas moins qu’il a de grands jours devant lui. L’on pourrait même oser dire que l’avenir du e-commerce se trouve en Afrique qui, selon les prévisions, aura le plus grand nombre de consommateurs au monde d’ici 2050. Il est opportun que les marques africaines prennent en marche le train de cette révolution. L’Afrique doit passer du stade de consommateur à celui de producteur, afin que le e-commerce soit définitivement une réalité.